Les complots militaires sous la Restauration, d'après les documents des archives

LES QUATRE SERGENTS DE LA ROCHELLE 221

anciens capitaines étaient également restés. Ils furent éliminés, en 1820, par le zèle royaliste du colonel marquis de Toustain, ancien émigré. Aussi l'esprit giment devint hostile à la monarchie.

Le 45e vint tenir garnison à Paris, en 1821. Ses deux

du ré

bataillons furent casernés, l’un rue du Foin-Saint-Jacques, l’autre rue Jean-de-Beauvais. C'était le quartier des Écoles, voisinage dangereux. Étudiants et soldats se rapprochèrent, et le sergent-major Bories rencontra un de ses anciens condisciples.

Bories était né en 1799, à Villefranche d'Aveyron, d'une famille de paysans. Enrôlé de bonne heure, il était sous-officier dans l’armée impériale et fut blessé à Waterloo. Licencié, il avait repris du service dans la garde royale, d’où il était passé comme sergentmajor au 45°. Brave, intelligent, instruit, il portait un goût passionné à l'histoire militaire de la Révolution et de l’Empire. Condamné à l'inaction qui succédait à tant de luttes, il souffrait de ce malaise qui tourmentait alors l’armée et qu'a décrit si éloquemment de Vigny, pour l'avoir ressenti lui-même (1).

L'ami de Bories était franc-maçon. Bories ne tarda pas à le devenir. Derrière la loge maçonnique, on lui laissa entrevoir une initiation nouvelle et plus haute, celle de la Charbonnerie. Il la subit. A peine

(1) A. de Vigny, Servitude et grandeur militaire. Introduc= tion.