Les complots militaires sous la Restauration, d'après les documents des archives

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d’autres. Après avoir été désigné pour succéder à Hoche, en 1797, il avait été envoyé à l’armée de Rome, où la faiblesse de Berthier et les exactions de Masséna avaient fait éclater une sédition militaire qu’il réprima. Ambassadeur en Espagne, sous le Consulat, chargé de l’armée de Naples, sous l’Empire, il avait quitté l'Italie pour l'Espagne, et s'était signalé par ses belles opérations de Catalogne, en 1809.

Désigné pour servir en Russie sous Oudinot, il avait sauvé son corps d'armée à Polotsk, triomphé de l’antipathie de Napoléon, et gagné son bâton de maréchal (1812). Enfin, il avait achevé de s’illustrer par la défense de Dresde, après nos revers de 1813.

Froid, précis, méthodique, Gouvion vivait plus souvent parmi ses cartes qu’au milieu de ses hommes. Mais il avait tout prévu pour eux et tout assuré. «Le maréchal n’ordonne rien pour demain, disaient-ils ; nous serons tranquilles. » Et le maréchal, le soir, seul dans sa tente, jouait du violon.

Volontiers frondeur et naturellement ombrageux, comme la plupart des anciens officiers de Moreau et de l’armée du Rhin, Gouvion Saint-Cyr n’aimait pas Bonaparte. Pendant la première Restauration, il s’était tenu à l'écart ; mais pendant les Cent-Jours, il offrit ses services à Louis XVIII, qui ne put les employer. C'est à lui que le roi s’adressa dès son retour.