Les complots militaires sous la Restauration, d'après les documents des archives

252 LES COMPLOTS MILITAÏRES

Pour sa part, la Charbonnerie fut profondément atteinte.

Comme il était naturel, ses membres rejetèrent les uns sur les autres la responsabilité des revers. La vente suprême prétendait que ses ordres avaient été mal compris. Les ventes particulières semblaient peu disposées à s’y soumettre désormais. Une lutte ouverte s’engagea entre les républicains du Carbonarisme, dont Lafayette était le chef, et le parti modéré, qui recevait plutôt les inspirations de Manuel.

Plusieurs congrès essayèrent de rétablir l’unité et la concorde. Au mois d’août 1822, il s’en était tenu un à Bordeaux, à cause du voisinage de l'Espagne, sous la présidence de Schonen, conseiller à la Cour d'appel de Paris. Malgré la surveillance de la police, il s’y était rendu de nombreux délégués de la Bretagne, de l’Anjou, de l'Auvergne, de l'Est et de Paris(r). Les procès des sergents de La Rochelle et de Berton allaient cominencer. On y débattit la question d’une nouvelle prise d'armes. Les délégués de la Bretagne firent prévaloir l’ajournement.

Deux autres réunions, à Paris, n’aboutirent pas. « La Charbonnerie, dit Trélat, se ressentait déjà trop des divisions qu’on avait fait germer dans son sein

pour qu’elle pût se plier à un mode d'action uniforme.

(1) Arch. Nat., fonds cité : 6640. (Complot de Bordeaux.)