Les complots militaires sous la Restauration, d'après les documents des archives

26 LES COMPLOTS MILITAIRES

« Ce dernier arrêt serait injuste, car ces soldats étaient admirables au jour du combat. Une ardeur infatigable les animait, une patience héroïque les soutenait; jamais ils n’ont cessé de croire qu'ils sacrifiaient leur vie à l’honneur de la France ; et quand ils ont quitté leurs drapeaux, ils avaient encore à lui offrir d'immenses trésors de force et de bravoure. Faut-il que la France renonce à les leur demander ? Faut-il que, dans ses adversités, elle cesse de s’enorgueillir de ces hommes que l’Europe n’a pas cessé d'admirer ? Non, Messieurs, je ne puis le croire. Notre salut ne réside pas dans l'oubli de tant de services, dans la méfiance de tant de courage, dans l'abandon d’un boulevard si sûr. Nos soldats ont beaucoup expié, car ils ont beaucoup souffert. Qui donc s’obstinerait à les repousser encore ? »

Ce discours, que les royalistes trouvèrent indécent dans la bouche d’un ministre du roi, était, en effet, si nouveau, on était si étonné d'entendre rendre justice à l'ancienne armée, que de longs applaudissements partis des bancs de la gauche purent s'étendre aux tribunes, sans que le président de la Chambre, qui était alors M. de Serre, songeât à les réprimer.

La discussion des articles occupa quatre séances. Les amendements hostiles de la commission furent écartés, et le projet de loi fut voté, le 5 février, par 147 voix contre 92: