Les complots militaires sous la Restauration, d'après les documents des archives

LA COROGNE (1893) 297

déjoué par l'activité et les millions d’Ouvrard.

Les constitutionnels avaient décidé de n’opposer à notre armée que des corps isolés et peu nombreux, destinés à nous harceler plutôt qu’à nous combattre; de couper nos communications et d’intercepter nos convois, de faire en sorte que la guerre, en se prolongeant avec ses excès, finit par indisposer même la population qui nous était favorable, et réunit tous les partis dans un commun soulèvement contre l’étranger. L'Espagne, en effet, et nous en avions fait la triste expérience, n’est pas de ces pays où la guerre nourrit la guerre, L'irritation que peuvent soulever les exigences d'une armée de 100.090 hommes condamnés à vivre Sur un pays pauvre, c'était là le plus grand danger que nous eussions à combattre. Grâce à Ouvrard, qui se chargea de tout acheter et qui paya tout au poids de l’or, le danger fut conjuré. Vivres, fourra ges, voitures, chevaux et mulets de transport, nos troupes demandaient tout à l'Espagne, et Ouvrard assura tout, sans magasins et sans réquisitions.

Devant cette tactique nouvelle, la cause que défendaient les généraux espagnols leur parut compromise. Ils ne la soutinrent que mollement. Ils se laissèrent gagner aux promesses que leur fit parvenir le duc d'Angoulême, et qu'Ouvrard appuyait des arguments les plus persuasifs. L’Abisbal, Morillo,

re