Les complots militaires sous la Restauration, d'après les documents des archives

70 LES COMPLOTS MILITAIRES

étaient fils de laboureurs, ils marchaient à pied, à la tête des compagnies, les premiers à la brèche, les premiers sur le champ de bataille. L'administration militaire ne pouvait que rarement, incomplètement, satisfaire à leurs besoins ; mais doués d'un cœur trop haut pour participer aux pillages que la nécessité imposait souvent aux soldats, leur vie se consumait en de cruelles souffrances, en d’éternelles privations. Et qu’attendaient-ils au bout de tant de maux? La mort sur uneterre inconnue, la mortloindeleurs amis, loin de leurs parents, sans avoir même l’espérance que leurs noms, du moins, pourraient retentir dans la postérité.

« Si, de cette classe d'officiers, vous passez à ceux que leurs talents avaient placés dans une sphère supérieure, ils sont là, ces hommes ! La puissance française a passé, et tous ces généraux qui ont envahi des empires, gouverné des royaumes ou des provinces, sont rentrés dans la classe des simples citoyens. Où sont donc leurs richesses, leurs champs fertiles, leurs palais bâtis, comme on l’a prétendu, avec les larmes des nations? À peine en pourrait-on citer vingt qui aient conservé quelque chose des largesses du chef du dernier gouvernement. Pour les autres, ils n’ont pas un asile où reposer leur tête. »

Voix à droite — « Cest faux ! »

« C’est vrai, je suis prêt à citer les noms. Les trois