Les complots militaires sous la Restauration, d'après les documents des archives

L’INSURRECTION DE LA TRIBUNE 7

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« Abordons franchement la question. On veut une armée ou on n’en veut pas. Si le gouvernement veut en avoir une, qu'il croie à lui-même...; qu’il accorde confiance aux soldats, et il les trouvera fidèles et dévoués. Mais si l’armée ne lui inspire que méfiance, si elle doit être rétrécie dans son avenir, contrariée dans ses développements ,débarrassons letrésor d’une charge inutile, et contentons-nous d’avoir une garde pour le trône et des gendarmes pour la tranquillité publique. »

Le président du Conseil, M. de Villèle, s’empressa de combattre l'effet de ce discours, dans une courte et vive improvisation. « On est allé jusqu’à prétendre, ajouta-t-il, qu'il n'y avait plus d’attachement pour le drapeau. Est-ce ainsi qu'un bon Français doit parler de l’armée française? Mais rassurez-vous, Messieurs ; si ces faits étaient vrais, ils ne seraient pas dénoncés à cette tribune. » La droite et le centre applaudirent bruyamment.

Le lendemain, le ministre de la guerre (LatourMaubourg) apporta des chiffres d’où il résultait que l’armée, en ce moment, comptait 150.000 hommes ; que, dans l'infanterie, il serait facile de doubler l’effecüf, de telle sorte qu’en peu de temps elle pourrait s'élever à 250.000, sans compter la garde. Il affirma que la désertion avait diminué ; que l'esprit des trou:

pes était bon ; que partout elles se montraient fidèles,