Les fêtes et les chants de la révolution française

XXIV PRÉFACE.

Non. Cela pour une fort bonne raison : il n'y a plus de fêtes civiles où la musique digne de ce nom ait sa place.

Que sont ces fêtes? Le 14 Juillet? Nous ne savons que trop ce qu'est devenue la célébration de la date glorieuse : la journée des marchands de vin. Les inaugurations de statues, les commémorations, les distributions de récompenses? Discours, phrases! Gustave Flaubert en a tracé la physionomie inoubliable dans sa description d’un comice agricole : c’est à un régime antérieur qu'il avait demandé son modèle; mais le tableau est toujours exact. Les funérailles? Pour elles au moins il y a un morceau de musique, que les cuivres et les tambours ont accoutumé de jouer sur le passage des corbillards : la Marche Junèbre de Chopin, admirable page de piano (perdant beaucoup à être transcrite pour l'orchestre militaire) composée par un Polonais au temps où les esprits généreux rêvaient la délivrance de la Pologne. J'ai, à ce propos, gardé la mémoire d’une double exécution qui en eut lieu à quelques jours d'intervalle à Paris. La première avait pour raison les obsèques du maréchal Mac-Mahon, que la simultanéité des événements lit célébrer en présence d'officiers russes venus pour représenter leur patrie dans une occasion solennelle : ils purent s'ils y réfléchirent, sourire à l'ironie d’une coïncidence qui les faisait assister ainsi à la pompe funèbre d’un soldat français aux sons de l'hymne que son auteur proclamait le chant de mort de la Pologne. Une semaine après, ce furent les funérailles de Gounod : et de nouveau, comme dernier hommage à un maître français, dernier chant dont les vibrations frappèrent sa dépouille, l'hymne de deuil polonais retentit, semblant témoigner de l'impuissance de la musique française à trouver des accents dignes d’un artiste qui l’honora,.

Mais le Panthéon? Il est vrai que la troisième République, reprenant les traditions de la première, a rendu aux grands hommes ce temple à eux dédié parla patrie reconnaissante. Depuis qu’elle l’a fait, il a bien servi cinq fois à des cérémonies d'accord avec sa destination. Deux témoignèrent d’un certain effort artistique. L'une fut le centenaire de Victor Hugo : la poésie y tint une plus grande place que la