Les fêtes et les chants de la révolution française

PRÉFACE. XXV

musique, mais c'était juste. L'autre fut le centenaire de Michelet : on reprit pour cette occasion à l’ancien répertoire des fêtes nationales de belles pages de Gossec et de Méhul, auxquels on adjoignit quelques noms modernes. Ce fut bien. Mais ces manifestations sont restées isolées, et sans influence sur le lendemain. Dans d’autres cas semblables, on s'est contenté d'exécuter des morceaux de symphonies, — belles compositions musicales, sans doute, mais sans rapports avec l’idée, — ou tout simplement des marches militaires. Quand eut lieu l'entrée au Panthéon du corps du président Carnot, la cérémonie civile, succédant à l'office religieux qui venait d’avoir lieu à Notre-Dame avec toutes les splendeurs accoutumées dans l'église, frappa tous ceux qui y assistèrent par sa froideur, ou, pour parler plus exactement, par son vide. Au reste, les fêtes du Panthéon, auxquelles les invités ont seuls droit d'entrer, sont célébrées hors de la présence du peuple (l'Église fermet-elle donc jamais ses portes aux fidèles?). Ce sont des cérémonies officielles, ce ne sont pas des fêtes nationales.

Enfin, si quelque effort individuel a parfois été tenté (il faut citer parmi les plus méritoires celui de M. Gustave Charpentier, avec son Couronnement de la Muse), il semble que le résultat obtenu au prix de tant de peines n'ait jamais été regardé que comme un objet de curiosité passagère par ceux mêmes qui lui ont témoigné le plus de faveur.

Comme, par surcroît, les pouvoirs publics se sont toujours désintéressés de ces choses, l’on conviendra que les hommes de bonne volonté qui tenteraient de réaliser le rêve d'harmonie que nous avons défini tout à l'heure pourraient ne pas trouver la tâche absolument facile!

III

Pourtant la nécessilé des fêtes du peuple a de tout temps été proclamé par les plus grands et les meilleurs esprits.

Écoutez Jean-Jacques Rousseau, faisant succéder à ses