Les fêtes et les chants de la révolution française

LA FÊTE DE LA FÉDÉRATION. 23

deuses du peuple de Paris, rentrant dans la ville après avoir éprouvé l'émotion grandiose du serment, et se oquant bien du reste?

De fait, ce que le Ça ira nous offre de plus intéressant

m

àretenir appartient à la tradition purement orale. Les paroles vraiment populaires ne sont pas celles qu'on a imprimées, mais celles qui se répètent de bouche en pouche. En faut-il un exemple plus significatif que celui des deux vers bien connus : « Les aristocrates à la lanterne! Les aristocrates on les pendra! » On a cru pouvoir contester que ces vers aient été chantés dans le ca ira révolutionnaire. C’est nier l'évidence. Mais, objecte-t-on, on ne les trouve pas dans les chansonniers du temps. En fût-il ainsi que cela ne prouverait rien. Les chansons ne sont pas faites pour ètre imprimées ou écrites, mais pour être chantées. Or, ces paroles ont laissé un souvenir si universel qu'il est inadmissible de ne voir en elles qu'une invention postérieure et contre-révolutionnaire. Au reste, cela n’est pas. Si M. Constant Pierre n’en a rien su retrouver au cours de ses laborieuses recherches, déjà Gustave Isambert en avait signalé la présence en deux endroits d'un certain Diclionnaire laconique ou Étrennes aux démagogues, écrit réactionnaire de 1791, qui, bien d'accord avec la tradition postérieure, atteste que les vers incriminés étaient parfaitement connus l’un et l'autre et chantés par le peuple de Paris.

Mais j'ai moi-même à offrir mieux que tout cela : une

par une personne dont la mère, encore vivante, le tenait direclement de son grand-père, spectateur de la journée historique du 14 juillet 1790 : devenu vieux, celui-ci aimait à le chanter à sa petite-fille, qui en à conservé fidèlement la mémoire. (est ainsi que le Ça ira, prétendu monument de la sauvagerie révolutionnaire, a traversé le siècle tout entier sous la forme d’une chanson pour amuser les enfanis!