Les fêtes et les chants de la révolution française

2% FÔTES ET CHANTS DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.

citation absolument contemporaine, qu'on peut s'étonner de n’avoir pas vu reproduire encore, car elle provient du plus célèbre des périodiques français, le Mercure. Celui-ci, rendant compte dans le numéro même de juillet 1790 des préparatifs de la fête, imprime ces lignes qui, en même temps qu'elles nous apportent un document décisif, vont ajouter un nouveau trait à la physionomie du Paris de la Fédération :

« La musique et.les cris de joie se mélaient aux lieux communs contre les aristocrates. Le refrain de la plupart de ces chansons était : « Ça ira! Les aristocrates à la lanterne! Crèvent les aristocrates! » Et autres facéties fraternelles que les dames éperdues de la Démocratie, et les journalistes à l'esprit de vin, nomment des hymnes patrioliques. »

Il résulte de tous ces faits, il ressort de l'expression même : « À la lanterne! » (laquelle, mise en usage au lendemain de la prise de la Bastille, était déjà vieille en juillet 1790) que le Ça ira n’est point du tout une chanson de quatre-vingt-treize. Quant à la signification qu’elle eut, est-il vraiment si nécessaire de se voiler la face pour en parler? « On les pendra! » Vraiment, en chansons, cela a bien de l'importance! Parole de défi, soit, mais plus gouailleuse que sérieusement menaçante. Ne venons-nous pas de voir l’aristocratique Mercure de France la traiter simplement de « facétie »? Aussi bien, tous les partis s’envoyaient mutuellement pendre : témoin cet autre couplet, qu’on a trouvé imprimé trois mois après la Fédération, à la suite d’une manifestation d'officiers où il fut chanté :

Ah!ca ira, ça ira, Ça ira, Les démocrates à la lanterne;

Ah! ca ira, ça ira, Ca ira! Tous les députés on les pendra.