Les filles de Louis XV : d'après des documens inédits et de nouvelles publications

‘770 REVUE DES DEUX MONDES.

couronne, conservés aux Archives nationales (4). Après avoir examiné avec soin les états des maisons de Mesdames, elevé les chiffres des sommes payées aux officiers, aux chapelains, aux dames,

à la bouche, aux écuries, etc. -2 On sera moins enclin à taxer d’exagération un témoin aussi vrai, aussi bien i informé que le duc de Luynes.

Les cinq princesses passèrent ensemble l'année de 4751. Dès le commencement de février de l’année,suivante, Henriette tomba ma lade, ou du moins n'eut plus la force de cacher le mal qui depuis longtemps la. minait. Il paraît que l'infante lui avait laissé quelque onguent pour faire passer les dartres auxquelles étaient sujettes les deux.sœurs jumelles : la drogue aurait pénétré dans le sang, em poisonné la princesse. Ce qui est certain, c'est que les plus célèbres médecins, Dumoulin, Falconnet, Senac, Quesnay, Ja déclarèrent atteinte d'une fièvre putride. Saignées redoublées, émétique, rien n'y fit; Henriette n'avait aucune illusion sur son état; elle, demanda son confesseur, Je père Perusseau. Le jeudi 10 février au matin, l’agonie commenca. Le roi regardait mourir sa fille bien-aimée; le jésuite continuait ses exhortations et ses prières de Ja dernière heure. Soudain une idée lui traversa l'esprit comme un éclair : il s’écria que la suppression de l'Encyclopédie sexait sans doute un moyen d'obtenir la grâce, divine. La princesse râlait misérablement, Louis XV, qui pensait d’ailleurs comme le père sur le Léviathan philosophique, accorda tout. Vers midi, Henriette expira. La cour partit pour Trianon, sur l’ordre,de la dauphine, qui avait demandé au roi où il-voulait.aller. « On n'a qu'à me mener où l’on voudra, » avait-il répondu.

Cependantau palais de Versailles on songeait à transporter à Paris le cadayre de la princesse. Il se. trouva qu'on était au jeudi gras,.et, bien que Madame ne.ffit ni roi, ni héritier présomptif, ordre fut donné d'arrêter tous les spectacles de Paris, même ceux de la foire, et de fermer le bal de l’Opéra. À une heure après minuit, elle fut mise.sur un,matelas, dans des draps..et des gardes. du corps la-descendirent dans un grand Carrosse. On la plaça au fond sur son Séant;-uñ suSpensoir passant.sous ses aisselles la tenait en équilibre, L empêchait de ballotter. Elle était en manteau de lit, coillée en négligé et ayec du rouge. Deux femmes de chambre, assises sur le devant du carrosse, lui PR face; ses dames l accompagnaient dans. un.carrosse,de,suite. On, arriva aux Tuileries. Le mardi gras, elle futexposée sur un lit de parade dans un, petit appartement du rez-de-chaussée, tout tendu de,blanc ainsi que la chapelle ardente, le.vestibule et le devant de la-porte qui s’ouvrait sur le Carrousel.

(4) Cotes O1 3746-3784 (surtout les cartons 3765-3784).