Les hommes de la Révolution

jeune homme, c'est Camille Desmoulins. Laissons-le lui-même raconter la scène (1):

« Je vais, sur les trois heures, au Palais-Roval; je gémissais, au mieu d’un groupe, sur notre lâcheté à tous, lorsque trois jeunes gens passent, se tenant par la main et criant: Aux armes! Je me joms à eux; on voit mon zèle, on m'entoure, on me presse de monter sur une table: dans la minute, J'ai autour de mot six mille personnes. Citoyens, dis-je alors, vous savez que la nation « avait demandé que Necker lui fût conservé, « qu’on lui élevât un monument, et on l'a chassé! « Peut-on vous braver plus msolemment? Après « ce coup, ils vont tout oser, et, pour cette nuit, « ils méditent, ils disposent peut-être une Saint« Barthélemy pour les patriotes. » J'étouffais d’une multitude d'idées qui m'assiégeaient; je parlais sans ordre: « Aux armes! ai-je dit, aux armes! « Prenons tous des cocardes vertes, couleur de « l'espérance.» Je me rappelle que je finissais par ces mots: « L'infâme police est .icil Eh bien! « qu'elle me regarde! qu'elle m'oBserve bien: « Oui, c'est moi qui appelle mes frères à la li« berté. » Et levant un pistolet: « Du moins, ils « ne me prendront pas en vie, et je saurai mourir « glorieusement; il ne peut plus m'arriver qu'un malheur, c’est celui de voir la France devenir « esclave. » Alors je descendis: on m'embrassait, on m'étouffait de caresses. — Mon ami, me disait chacun, nous allons vous faire une garde,

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(1) Nature exubérante et enthousiaste, Camille à raconté à plusieurs reprises cette scène, et nous avons par lui à peu près tous les détails de son existence,