Les hommes de la Révolution

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demeures qui sentent le xvie siècle: (1). Les toits sont hauts et garnis d’ardoises; des crampons de fer, en forme de chiffres, s'incrustent dans les bâtiments. Le château domine avec sa. haute tour lépreuse, rongée de plaques verdâtres, tapissée d'herbes et ses voûtes sombres, dont les portes sont sculptées dans le roc (2). Au loin, les champs, les rubans verts de l'Aisne et de la Somme, les villages .baïignés dans la. verdure; à l'horizon, Wiège, la patrie des aïeux de Camille.

C'est là que Camille passa son enfance. Son. père, Jean-Benoît-Nicolas Desmoulins, était conseiller du roi, lieutenant général civil criminel . et de police au bailliage de Vermandois et portait le titre de seigneur de Buquoy (3). Sa mère était dame Marie-Magdeleine Godart. La famille: n'était pas riche. Camille était l'aîné de cinq enfants dont trois garçons et deux filles.

Heureusement pour le jeune Camille, un M. Viefville-Desessarts, qui fut depuis député aux Etats généraux et avec lequel il était parent, s'intéressa à lui et lui obtint une bourse au collège Louis-le-Grand. Sans cela, l'instruction du futur. auteur du Vieux Cordelier fut restée ina-

(1) Aujourd'hui une ville nouvelle a presque entièrement remplacé l'ancienne qui s'étage encore sur la. colline, autour du château.

(2) Voir Jules Claretie: Histoire de Camille Desmoulins. (3) Un frère de Camille prit aussi ce nom de Du-

bucquoy. Le deuxième s'appelait Séméry. L'une deses deux sœurs fut religieuse.