Les hommes de la Révolution

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Nous l'avons vu agir au 12 juillet. Ses paroles enflammées soulèvent la foule. Il se met à sa tête et, pendant les deux jours qui suivent, il prend part au pillage des Invalides et à la prise de la Bastille. Ici encore, nous allons lui laisser la parolen”

« Le bruit de cette émeute va jusqu'au camp; les Cravates, les Suisses, les Dragons, RoyalAllemand, arrivent. Le prince Lambesc, à la tête de ce dernier régiment, entre dans les Tuileries à cheval. Il sabre lui-même un garde-française, sans armes, et renverse femmes et enfants. La fureur s'allume. Alors il n'y a qu'un cri dans Paris: Aux armes! Il était sept heures. IL n'ose entrer dans la ville. On enfonce les boutiques d'armuriers. Lundi matin, on sonne le tocsin. Les électeurs s'étaient assemblés à la Ville. Le prévôt des marchands à leur tête, ils créent un un corps de milice bourgeoïse de 78.000 hommes en 16 légions. Plus de cent mille étaient déjà armés, tant bien que mal, et coururent à la Ville demander des armes. Le prévôt des marchands amuse, il envoie aux Chartreux et à Saint-Lazare; il tâche de consumer le temps en faisant croire aux districts qu'on y trouvera des armes. La multitude et les plus hardis se portent aux Invalides; on en demande au gouverneur; effrayé, il ouvre son magasin. J'y suis descendu sous le dôme, au risque d'y étouffer. J'y ai vu, à ce qu'il m'a semblé, au moins cent mille fusils. J'en prends un tout neuf, armé d’une baïonnette, et deux pistolets. C'était la mardi, tout le matin passa à s’armer. À peine a-ton des

-armes qu'on va à la Bastille. Le gouverneur,