Les hommes de la Révolution

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surpris de voir tout d'un coup dans Paris cent mille fusils armés de baïonnettes, et ne sachant point si ces armes étaient tombées du ciel, devait être fort embarrassé. On tiraille une heure ou deux, on arquebuse ceux qui se montrent sur les tours; le gouverneur, le comte de Launay, amène pavillon; il baisse le pont-levis, on se précipite; mais il le lève aussitôt et tire à mitraille. Alors le canon des gardes-françaises fait. une brèche. Un graveur monte le premier, on le.jette en bas et on lui casse les jambes. Un garde-française plus heureux le suit, saisit la mèche d’un canonmier, se défend, et la place est emportée d'assaut dans une demi-heure. J'étais accouru au premier coup de canon, mais la Bastille était déjà prise, en deux heures et demie, chose qui tient du prodige.» (Lettre de Camille à son. père, 16 juillet.)

Camille ne s’est donc pas contenté de haranguer la foule au Palais-Royal; il prend part à la bataille. Il est sur la brèche de la Bastille.

Nous avons dit quelle popularité fut la sienne à dater de ce jour. Il peut maintenant écrire et publier. On le lira (1). Aussi se hâte-t11 de

F

(1) Il écrit à son père (20 septembre 1789) : e

«Pensez qu'une grande partie de la capitale me nomme parmi les principaux auteurs de la Révolution. Beaucoup même vont jusqu'à dire que j'en suis l’auteur. Je rencontrai, il y a trois jours, chez mon libraire, un Picard, viceprésident du district des Feuillants. « Ahl mon cher compatriote, me ditil, combien j'ai souffert que notre paroisse fut si mal représentée! Du moins, vous en avez soutenu l'honneur, puisque l’au-