Les hommes de la Révolution

SOS =.

On conçoit l'effet produit. Mirabeau prit Camille sous sa protection et l'invita à venir chez Jui (1). Un instant, le bruit courut que l’auteur venait d'être arrêté! Quelques passages, en effet, avaient attiré l'attention de la police (2). Loustalot, le rédacteur des Révolutions de Paris, prit la défense du pamphlétaire et écrivit:

« Le bruit a couru mal à propos que le comité: avait fait ‘arrêter l’auteur de la France libre. Cet

(1) Lettre à son père, 20 septembre 1789 :

« Depuis huit jours je sus à Versailles chez Mi rabeau. À chaque instant il me prend les mains, il me donne des coups de poing; il va ensuite à l’Assèemblée, reprend sa dignité en entrant dans le vestibule et fait des merveilles: après quoi, il revient diner, avec une excellente compagnie, et nous buvons d'êxcellents vins. Je sens que sa table, trop délicate et trop chargée, me corrompt. Ses vins de Bordeaux et son marasquin ont leur prix que je cherche vainement à me dissimuler, et. j'ai toutes les pemes du monde à reprendre ensuite mon austérité républicaine et à détester les aristocrates, dont le crime est de tenir à ces excellents dîners. » :

(2) Voici l'un de ces passages :

« Il est chez les peuples les plus asservis des âmes républicaines. Il reste encore des hommes en qui l’amour de la liberté triomphe de toutes les. institutions politiques. En vain elles ont conspiré à étouffer ce sentiment généreux: il vit caché au fond de leurs cœurs, prêt à en sortir à la première étincelle pour éclater et enflammer tous les esprits. J'éprouve au dedans de moi un sentiment impérieux qui m'entraîne vers la liberté avec une force irrésistible; et il faut bien que ce sentiment soit inné, puisque, malgré les préjugés de l'éducation, les mensonges des orateurs. et des poètes, les éloges éternels de la monarchie dans. la bouche des prêtres, des publicistes, et dans tous nos. livres, ils ne m'ont jamais appris qu'à la détester.»