Les hommes de la Révolution

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postent avec violence et l’appellent l'ânon des Moulins. Ses amis ne lui marchandent pas leur admiration et leurs encouragements. Saint-Just, Picard comme lui, lui écrit: « Votre pays s’enorgueillit de vous. » Marat, lui-même, le soutient de ses conseils. C'est alors l'apogée de sa gloire (1). ù

Cependant, que d'erreurs, que de rétractations, que de folies dans ce journal! Tantôt, il attaque: La Fayette, Mirabeau, Dumouriez; plus loin, il se livre à leur apologie. Que de mensonges aussi, peut-on dire, que de polémiques inutiles. Camille est là, tout entier, avec ses volte-face inexplicables, ses cruautés d'enfant, ses mots terribles.

L'homme sur lequel il s'est le plus acharné, après l'avoir tant prôné, c’est certainement Mirabeau. D'abord, c'est pour lui saint Mirabeau

(1) Ce fut à ce moment que des spadassins le provoquèrent. Déjà, Lameth et Barnave s'étaient battus en duel. Mirabeau venait de refuser le quatre-vingt-cinquième cartel. Un nommé Sainte-Luce s’en prit. a1Camille, Un garde national menaça de lui couper la tête avec son sabre. Au Palais-Royal, il faillit être assommé avec Danton. « Depuis deux ans, écrit-il je traverse une forêt.» Un acteur, Desessart lui envoie un cartel. Camille refuse et répond: «Je me sens la force de mourir sur un échafaud avec un sentiment de plaisir, et en disant comme lord Lowat: Dulce et decorum est pro patria mori. Je mourrais avec honneur, assassiné par Sanson (le bourreau), mais l'être par le spadassin qui me provoque, c'est mourir piqué par la tarentule, Qu'on m'accuse de lâcheté, si l'on veut. Si avoir dédaigné le rendez-vous d’un assassin, avec qui je n'ai rien à démêler, c’est, comme ce Lacédémonien, avoir fui aux Thermopyles, la bataille de Platée est proche, où je saurai me justifier! Je crains bien que: malheureusement le temps ne soit pas loin où les oc-