Les hommes de la Révolution

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il expose et défend ses idées républicaines (r).

A ce moment, peu d'hommes se prononçaient pour la République. Les constituants demeuraient fidèles au roi. Seuls, Condorcet et Brissot, dans la presse, soutenaient l’idée de la République. Il y avait aussi quelques individus effacés qui se retrouvaient au club.des Cordeliers et devaient jouer plus tard un grand rôle. Mais celui qui se montre le plus résolu et le plus audacieux, c’est Camille. Dès les premiers numéros, il écrit:

« Ne vous y trompez pas, le problème des grandes républiques est résolu. Le bon sens du manœuvre et du journalier m'étonne tous les jours de plus en plus; le faubourg Saint-Antoine croît en sagesse, nous marchons à grands pas vers la République. Déjà les démocrates sont le. plus grand nombre: mais ils aiment trop leur patrie pour la livrer aux horreurs d’une guerre civile; attendez quelques années, et la raison triomphera sans effusion de sang. »

Et jusqu’au jour où le massacre du Champ-deMars le forcera à arrêter sa publication et à envoyer malicieusement sa démission de journaliste à Lafayette, Camille ne cessera d'appeler la République de tous ses vœux. On peut donc dire qu'il fut l’un des fondateurs de cette République dont peu d'hommes osaient prononcer le nom et que Robespierre affectait d'ignorer. Et la République que rêve Camille, ce n’est pas la République bourgeoise établie au profit des classes

(1) Le mot de Mirabeau reste le jugement de la postérité: « Adieu, bon fils, lui. écrit:il vous méritez qu’on vous aime, malgré vos fougueux écarts. »

3.