Les hommes de la Révolution

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illégalité, Malouet s'écria alors: «Il l'aura devant ses juges et là, qu'il se justifie, s’il l'osel » « Oui, je l’ose », interrompit Camille, qui était dans les tribunes. Là-dessus, grand tumulte. Le président donne l'ordre d’arrêter l'insolent, mais Robespierre intervint et le défendit. Pendant ce temps, Camille s'enfuyait.

Il est deux hommes sur lesquels le jugement de Camille ne varie point : Pethion et Robespierre, ce dernier surtout, pour lequel il manifeste une admiration et un amour excessifs (1). Il en est aussi un troisième, c'est le duc d'Orléans qu'il appelle excellent Jacobin, jeune républicain, et qu'il comble de louanges. Cela a permis aux ennemis de Camille Desmoulins de l’accuser de s'être vendu aux d'Orléans. On sait aujourd'hui combien cette accusation était peu fondée. Camille s’est défendu lui-même, dans le numéro 33 de son journal où il déclare que le fait d'avoir dîné avec M. de Chartres est faux et qu'il n'aimerait pas à se trouver à table avec des princes, pas même avec M. Capet l'aîné (Louis XVI).

Mais ce qui fera la gloire de Camille et perméttra d'oublier la légèreté et la violence de ses attaques, c'est plus encore que sa verve endiablée et son talent primesautier, le courage avec lequel

(1) Robespierre ne répondit qu'avec beaucoup de froi.deur à ces avances. Le n° 30 des Révolutions contient une lettre de lui à Camille, très sèche, et ce dernier se plaint du ton peu amical de la missive.