Les hommes de la Révolution

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dérais son sommeil et ne pouvais m'ôter de l'idée ses grands projets contre l'affermissement de notre liberté, et, jetant les yeux sur l’ensemble de ses deux dernières années, sur le passé et sur l'avenir, à son dernier mot, à cette profession de matérialisme et d’athéisme, je répondais aussi par ce seul mot: Tu meurs...»

Cette mobilité dans les jugements, ces variations inouies s'exercèrent un peu sur tous les hommes du moment. Il arriva même à Camille de porter à la légère des accusations terribles et fausses, notamment contre l'abbé Maury .qu'il appelait Maudit. Cela lui valut, plus d’une fois, des poursuites. Antoine Talon l’assigna en calomnie, M. et Mme de Carondelet, accusés de bigamie, le poursuivent également et-l'affaite fit alors un beau tapage. Le comte Fernand Nuny, ambassadeur d'Espagne, porta plainte contre lui. Enfin, Malouet le dénonça à la tribune. |

C'était le moment où Marat était assiégé par La Fayette et s’enfuyait. Les écrivains révolutionnaires luttaient contre le Châtelet, contre Bailly et La. Fayette, que Camille appelait Blondinet. Le 31 juin 1790, Marat et Desmoulins étaient dénoncés comme auteurs d'écrits incendiaires. Le premier venait, en effet, d'afficher son fameux placard: C’en est fait de nousi Des poursuites furent décrétées. Le 2 août, à l’Assemblée nationale, 6n. donna lecture d’une plainte de Camille contre Malouet, sous le prétexte que-celui-ci n'avait ni lu ni reproduit, dans son accusation, aucun passage de son écrit ou du corps du délit qui le concernait, Il demandait la réparation de cette