Les hommes de la Révolution

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Les royalistes profitèrent du mariage de Camille pour l’insulter dans la personne de sa. femme (1). Ils prétendirent que Lucile était la bâtarde de l'abbé Terray, un voleur et banqueroutier fameux sous. Louis. XV. Camille était trop, heureux, il ne s’attarda pas à répondre: «Il ne tiendrait qu'à moi, écrit-il à son père, de. faire condamner le Journal de. la Cour et de la Ville à. de grosses réparations envers ma femme et sa famille, mais cette famille respectable n'a fait que rire des calomnies des infÂâmes aristocrates et m'a conseillé de les mépriser. » Et il signe: « Le plus heureux des hommes et qui ne désire plus rien : au monde. »

Les deux époux s’installèrent d’abord dans la maison de Danton, cour du Commerce. Dès lors, commença pour Camille une existence de joie et de tendresse. Il est-tout insouciance. Ses amis, Fréron, Brune, Danton, passent les soirées chez lui. Tout ce monde-là, au milieu de la terrible tourmente révolutionnaire, s'amuse innocemment. Fréron est surnommé Bouli-Boula; Camille, s'est Hon-hon (x); Mn Duplessis est Daronne; Lucile devient Loulou ou la Poule à Cachan. Tout cela dénote l'amour, la jeunesse exubérante. Camille écrit: « Je ne dirai qu’un mot de ma femme: j'avais toujours cru à l'immortalité, de l’âme; mais mon ménage est si heureux que j'ai craint. d'avoir reçu ma récompense sur la terre et j'ai perdu ma démonstration de l'immortalité. »

(1) Le Journal de la Cour et de la Ville.

(1) À cause de son bégaiement et de la manie qu'il avait en parlant, de souffler et de faire : hon! hon.