Les hommes de la Révolution

er

Sur le soir, nous fûmes reconduire Madame Charpentier. Il faisait beau; nous fimes quelques tours dans la rue; il y avait assez de monde. Nous revinmes sur nos pas, et nous nous assîmés tout à côté du café. Plusieurs sans-culottes passèrent en criant: Wève la nation! puis des ‘troupes à cheval, «enfin des foules immenses. La peur me prit. Je dis à Madame Danton: «Allons-nous-en.» Elle rit dé ma peur; mais à force de lui en dire, elle eut peur à son ‘tour, et nous partîimes. Je dis à sa mère: «Adieu, vous me tarderez pas à entendre sonner le tocsin.» En arrivant chez Danton, j'y vois Madame Robert et bien d’autres. Danton était agité. Je courus à Madame Robert et lui dis: «Sonnera-t-on le tocsin? — Oui, me dit-elle, ce sera ce soir.» J'écoutai tout et ne dis pas une parole. Bientôt, je vis chacun s’armer. Camille, mon cher Camille, arriva avec un fusil. O Dieu! je m'enfonçai dans l'alcôve, je me cachai avec mes deux mains et me mis à pleurer; cependant, ne voulant point montrer tant de faiblesse «et dire tout haut à Camille que je ne voulais pas qu'il se-mêlât dans tout cela, je gueftai le moment où je pouvais lui parler sans être entendue, et lui dis toutes mes craintes. Il me rassura en me disant qu'il ne quitterait pas Danton. J'ai su depuis qu'il s'était exposé.

« Nous fûmes assez longtemps sans rien savoir. Cependant on vint nous dire que nous étions vainqueurs. À une heure, chacun vint raconter ce qui s'était passé. Quelques Marseillais avaient été tués. Mais les récits étaient cruels. Camille arriva et me dit que la première tête qu'il avait