Les hommes de la Révolution

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Tout cela dans ce style meurtrier dont Desmoulins possédaït le secret.

La chute de la royauté était imminente. Le 10 août approchait. Après avoir décothé à Brissot ce trait féroce, Camille cessa de s'occuper de lui. Le 20 juin, on le voit aux Jacobins s'efforcer de prévenir l'insurrection. Mais, le 24 juillet 1702, au conseil général de la Commune, il prononce, sur la situation de la capitale, un discours terrible.

« Aussitôt on sonne le tocsin; toute la nation s’assemble: chacun, comme à Rome, est investi du droit de punir de mort les conspirateurs reconnus et, pour l’affermissement -de la liberté et le salut de la patrie, un-seul jour d’anarchie fera plus que quatre ans d’'assemblée nationale. »

Le 9 août, en effet, on sonne le tocsin. On peut aisément se rendre compte du rôle que joua Desmoulins, en feuilletant le cahier de Lucile.

Citons:

« Déjà tous les iesprits fermentaient bien fort. On avait voulu assassiner Robespierre. Le 9, j'eus des Marseillais à dîner, nous nous amusâmes assez. Après le dîner, nous fûmes tous chez M. Danton. La mère pleurait, elle était on ne peut plus triste, son petit avait l'air hébété; Danton était résolu. Moi, je riais comme une folle. Ils craignaient que l'affaire n'eût pas lieu. Quoique je n’en fusse pas du tout sûre, je leur disais, comme si je le savais bien, qu'elle aurait lieu. «Maïs, peut-on rire ainsil me disait Madame Danton. — Hélas! lui dis-je, céla me présage que je verserai bien des larmes peut-être ce soir.»