Les hommes de la Révolution

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homme, — c’est aujourd'hui démontré, — mais il traînait un passé compromettant, peccadilles de jeunesse et relations louches. Quelque temps avant la Révolution, il avait, paraît-il, annoncé la publication d'un ouvrage, recueilli des souscriptions et n'avait pu rendre l'argent ni faire paraître le livre. Depuis, on avait fait du nom de Brissot le verbe brissoter, synonyme de filouter. Le terrible Camille s’empara de cela. Il mit comme épigraphe à son pamphlet une phrase empruntée aux psaumes de David et qui était une allusion cruelle au néologisme brissoter : « Factus sum in proverbium, je suis devenu proverbe.» Et il reproche à Brissot dou été le promoteur de la pétition du Champ-de-Mars et la cause volontaire du massacre (1). Il va plus loin. Il l’accuse de s'être dit républicain pour compromettre la cause: de la liberté (2). Il prétend et che-che à démontrer qu'il es: vendu à Lafayette.

(1) Ce reproche est particulièrement odieux. Malheureusement, quelque admiration qu'on ait pour Camille Desmoulins, on est obligé de noter plus d'un trait

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de ce genre à son actif.

(2) « Etaitce d'une bonne politique, lorsque la France avait été décrétée une monarchie, lorsque le nom de république effarouchait les neuf dixièmes de la nation, lorsque ceux qui passaient pour les plus fougueux démocrates, Loustalot, Robespierre, Carra, Fréron, Danton, moi, Marat lui-même, s'étaient in: terdit de prononcer ce mot; étaitil d’une bonne politique, à vous, Brissot, d’affecter de vous parer du nom de républicain, de timbrer toutes vos feuilles de ce mot: République, de faire croire que telle était l'opinion des Jacobins, et d'autoriser les calomnies et la haïne de tous ses ennemis. »