Les hommes de la Révolution

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Desmoulins de se livrer à l'apologie du jeu et qui se terminait par cette phrase: «Cet homme ne se dit donc patriote que pour calomnier le patriotisme?» (r)

L'auteur de l'article n'était pas Brissot, mais Girey-Dupré. N'importe, Desmoulins s’en prend au directeur du Patriote; il n'accepte pas ses explications et ne veut point pardonner. Voici ce qu'il lui dit: «Il ne vous sert de rien de dire que la diatribe n’est pas de vous, qu’elle est avouée et signée Girey-Dupré. Le maître est responsable des délits du domestique, et le régent de ceux qui sont sous sa férule. IL est commode à un journaliste de prendre ainsi M. Girey en croupe, pour couvrir son dos. Mais je saute à la,bride, parce que c’est vous qui la tenez, et qui m'avez lâché cette ruade. Il y a longtemps que j'ai remarqué cette malveillance pour moi.» Il est certain que le Patriote n'avait pas tout à fait raison, mais Camille se montra peu généreux et se laissa emporter par sa rancune. Cela lui arrivera d’autres fois. Sans mesure dans ses admirations comme dans ses haïines, il ne cessera de faire du mal à son parti et à lui-même.

Dans le Brissot dén:asqué, sa haïne et son animosité dépassent toutes les bornes. Il formule les reproches les plus insensés et les mensonges les plus révoltants (2). Brissot était un honnête

(1) À la vérité, Desmoulins n'avait point fait l’apologie du jeu. Il s'était borné à faire une distinction entre le vice et le crime, le jeu et le vol, et à réclamer contre un jugement infamant,

(2) Plus tard, dans le Vieux Cordelier, il en fera autant contre Hébert.