Les hommes de la Révolution

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et à apaiser les mânes de cent mille citoyens qu'il a fait périr en prononçant le même jugement: TI, lictor, deliga ad palum.»

En vain, son père lui avait-il demandé d’absoudre le roi. Il vota la mort et lui répondit: « Manuel, dans son opinion du mois de novembre a dit: «Un roi mort, ce n'est pas un homme de « moins. » Je vote pour la mort, trop tard peutêtre pour l'honneur de la Convention nationale. »

S'il ne parlait point, Camille Desmoulins écrivait et sa plume meurtrière s’escrimait à nouveau contre les Girondins (1). En mai 1793, il publie sa fameuse Histoire des Brissotins. C'était en: plein la bataille entre Montagnards et Giron.dins. Marat, Robespierre et les révolutionnaires de l’Evêché luttaient opiniâtrement. Danton essayait généreusement de s’interposer et de sauver ses ennemis. Camille, lui, demanda tout simplement, le « vomissement des Brissotins hors du sein de la. Convention et les amputations du tribunal révolutionnaire.» Il devait rédiger ensuite l’adresse des Jacobins aux départements sur l’insurrection du 31 mai.

En attendant, l'Histoire des Brissotins portait le coup fatal à la Gironde. Il accusait ses ennemis de trahison sans fournir cependant de preuves décisives et en déclarant se contenter d'indices

(1) On sait que plus tard Camille, au procès des Girondins, se reprocha amèrement ses écrits : « C’est moi qui les tue», s’écriat:il (Vilate), Regrets tardifs. Camille Desmoulins passe ainsi sa vie à regretter ce qu'il a dit et écrit. :