Les hommes de la Révolution

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main (1). L'homme qui accepta de laisser faire les massacres de septembre, maintenant reculait. Mais tous deux avaient tort. Ce n'était pas le moment d'arrêter la Terreur. La Révolution devait aller jusqu'au bout, inexorablement. On devait le voir, plus tard, à la chute de Robespierre. Dès le premier numéro du Vieux Cordelier, Camille attaque et fait des mécontents. Robespierre qui, malgré tout, l'encourage, demandé à corriger les épreuves des numéros suivants. Aussi, dès le deuxième numéro, Chaumette et Anarchasis Clootz sont-ils poursuivis avec une violence inouie (2).

Si l’on voulait chercher des motifs à cette attaque brutale contre des Cordeliers, anciens frères d'armes, on en trouverait de peu avouables. Depuis longtemps, Camille était en butte aux soupçons et aux attaques. Il avait défendu Dillon, royaliste et traître, détenu aux Madelonnettes (3), pour avoir dénoncé aux Prussiens les mouvements de Custine, en 1792. Aussi, se sentait-il peu en sûreté. Eut-il peur. Faut:il voir dans sa

(1) Camille pousse «le cri divin qui remuera les âmes éternellement». (Michelet).

(2) De même que pour Brissot et les Girondins, Camille attaquait sans ménagements et accusait sans preuves. On lui a pardonné ces fautes qui auraient valu à d’autres l‘universelle réprobation.

(3) C'est sous l'influence de Lucile qu'il défendit ainsi Dillon. Ses adversaires prétendirent même que l'amitié qui unissait ce dernier à Lucile n'était pas absolument pure. Camille riposta véhémentement à. ce propos.