Les hommes de la Révolution

— 139 IX Procès des Dantonistes et mort de Camille

Les mauvais jours sont venus. Le Vieux Cordelier (1) vient d'obtenir un immense succès, mais a déchaïîné des colères inapaisables. Camille y a attaqué tour à tour les Hébertistes et les Enragés, le Comité de Salut public et Robespierre. Il a fait envoyer à la mort des hommes comme Chaumette et Anarchasis Clootz; il a insulté Billaud-Varennes; il a dit de Saint-Just qu'il portait la tête comme un Saint-Sacrement et ce dernier a répondu qu'il la lui ferait porter comme Saint-Denis.

Camille a le pressentiment de sa fin prochaine. On l’avertit, du reste, comme on devait quelques jours après, avertir Danton. Fréron lui écrit pour lui demander de tenir son imagination en bride relativement à son Comité de clémence. Fréron blämait cette proposition, nuisible, disaitl, et profitable seulement à la contre-révolution; il invitait son ami à se méfier de sa philanthropie qui l'aveuglait.

(1) On sait qu'il ne parut que six numéros du Vieux Cordelier. Le septième était prêt, mais sa violence épouvanta l'imprimeur Desenne: il ne parut qu’en prairial, an TII (juin 1795). M. Carteron a complété ce numéro 7, déjà publié par M. Matton aîné. Il les a tirés de la collection du baron de Girardot, de Bourges, et a transcrit lui-même, sur le manuscrit de Camille, plusieurs feuilles détachées: ce numéro contient des attaques contre Marat.