Les hommes de la Révolution

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On sait avec quelle violence Danton se défendit. On put croire un instant que les accusés seraient <zvés et l'on précipita les choses. L'accusauon, en effet, était en plein désarroi. La foule emplissait le Palais de justice, longeait les quais jusqu’à la place Dauphine et, par les fenêtres ouvertes, on entendait les éclats de voix de Danton. La Convention rendit un décret qui mettait les accusés hors des débats. Ce décret fut apporté à Fouquier par Amar et Voulant qui lui dirent : « Voilà de quoi vous mettre à votre aise. — Ma foi, répondit Fouquier, nous en avions besoin.»

On le voit. Ce ne fut pas sans peine qu'on put condamner les Dantonistes. Là-dessus, un certain La Flotte dénonce une prétendue conspiration ourdie par Dillon et Lucile Desmoulins, pour faire évader les prisonniers du Luxembourg. Camille s'écrie: « Les scélérats! Non contents de m'assassiner, ils veulent assassiner ma femme. (1)» Et, hors de lui, il déchire son projet de défense et en jette les morceaux à la tête de Fouquier-Tinville. Sur la réquisition de Fouquier, le tribunal ordonna «qu’attendu l'indécence, les brocards et les blasphèmes des accusés contre le tribunal, les questions seront posées et le jugement à intervenir prononcé en l'absence des accusés.» Camille pléurait et s’arrachait les cheveux. « En vérité, lui demanda Danton, que diras-tu donc lors-

(1) Récit de Fabricius Paris, greffier: déposition au procès de Fouquier-Tinville,» Il y a aussi des notes incomplètes laissées par un juré, Topino-Lebrun, qui permettent de faire revivre ce procès. '