Les hommes de la Révolution

— 147 X L’'Œuvre de Desmoulins. — Jugement sur l’homme et sur l'écrivain. — !

Conclusion

Il est assez difficile de prononcer sur Camille Desmoulins un jugement définitif. Selon qu'on le considère sous tel ou tel aspect, selon qu'on envisage l’homme public, l'homme privé ou l'écrivain, on est conduit à admirer ou à blâmer, et même haïr cet espiègle dont la phrase meurtrière fit tant de victimes.

Si l’on examine l’œuvre, si l’on ne s'attache qu’à considérer l'écrivain, il est certain, comme l'a dit M. Aulard, qu'on ne peut lui troûver rien de comparable dans toute notre littérature de combaï, sice n'est l’auteur des Provinciales ou celui de Candide. Son érudition, ses traits d’esprits, son style étincelant, sa verve endiablée en font un des premiers parmi les pamphlétaires.

Comme orateur, nous l’avons dit, Camille Desmoulins ne fut pas brillant et ce fut là un de ses chagrins. Chez lui, la plume remplaçait la parole qui ne se faisait jour que difficilement, et ce bègue écrivait ses discours qui demeurent des modèles. Il lui arriva même, le discours écrit, de le faire lire par un autre qui savait donner l'intonation nécessaire. Une fois cependant Camille fut orateur. Ce fut le 12 juillet, au Palais-Royal. Ce jour-là, son bégaiement disparut comme par enchantement. Une fièvre d'enthousiasme le sou-