Les hommes de la Révolution
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pires à peine, dans l'attente de l'indépendance, du bonheur et de l'égalité.
L'ÉGALITÉ, premier vœu de la nature! premier besoin de l’homme et principal vœu de toute association légitime! Peuple de France! tu n'as pas été plus favorisé que. les autres nations qui végètent sur ce globe infortuné! Toujours et partout, la pauvre espèce humaine, livrée à des anthropophages plus ou moins .adroits servit de jouet à toutes les ambitions, de pâture à toutes les tyrannies. Toujours et partout on berça les hommes de belles paroles, jamais et nulle part ils n'ont obtenu la chose avec le mot. De temps immémorial, on nous répète avec hypocrisie: les hommes sont égaux, et de temps immémorial la plus avilissante comme la plus monstrueuse inégalité pèse insolemment sur le genre humain. Depuis qu'il y a des sociétés civiles, le plus bel apanage de l’homme est sans contradiction reconnu, mais n’a pu encore se réaliser une seule fois; l'égalité ne fut autre chose qu'une belle et stérile’ fiction de la loi. Aujourd'hui qu'elle est réclamée d'une voix plus forte, on nous répond: « Taisez-vous, misérables ; l'égalité de fait n’est qu'une chimère; contentezvous de l'égalité conditionnelle; vous êtes tous égaux devant la loi: canaille, que te faut-il de plus?» Ce qu'il nous faut de plus? Législateurs, gouvernants, riches propriétaires, écoutez-nous à votre tour.
Nous sommes tous égaux, n'est-ce pas? Ce principe demeure incontesté, parce qu'à moins d'être atteint de folie, on ne saurait dire sérieusement qu'il fait nuit quand il fait jour.
Eh bien! nous prétendons désormais vivre et