Les hommes de la Révolution

Éd

rat (1). Fréron se proclame l'élève de Marat et dénonce dans l'Orateur du Peuple; Loustalot, l'un des plus purs journalistes de la Révolution, dénonce et va jusqu’à se livrer à l'apologie de la dénonciation (2).

Les adversaires ne s’en privaient pas davantage. Le journal l’Ami du Roi dépasse en violences et en accusations tous les organes révolutionnaires. Les feuilles girondines, plus tard, se feront l'écho de toutes les insinuations et de toutes les calomnies. L'époque était ainsi: chacun soupconnait son voisin et tous se dénonçaient (3).

(1) Voici une lettre de Marat à Camille, publiée par Jules Claretie: «Les ennemis de la patrie, m'ayant mis dé nouveau sous le glaive de la tyrannie, je vous fais passer deux lettres par lesquelles je vous demande une place dans les premiers numéros de la Tribune des Patriotes. Comme c’est un point important à la liberté que les journalistes qui trahissent la cause soient démasqués, je me flatte que vous y attacherez quelque prix.

« Elles sont signées de moi pour vous mettre en règle dans tous les cas.» (19 mai 1792)

D'autre part, Camille annonce au lecteur: « J'insère dans mon numéro la précieuse dénonciation du général Lafayette par M. Marat, surnommé le sapeur des journalistes, qu’on trouve le premier à la brèche et qui dit comme Bayard: Le poste du péril est celui de Marat.» (Révolutions de France, n°9 32.)

(2\ Loustalot écrivait: «Il est de l'essence de la liberté d'écrire impunément tout ce que l’on veut sur les hommes publics.» (Révolutions de Paris, n° 14.) I] ajoutait: «Les ministres et les gens en place sont exposés de droit à la calomnie. »

(3) Le Club des Jacobins, réuni le 24 janvier 1791 sous la présidence du marquis de Broglie, fit serment de dénoncer tous les traitres à la patrie. (Révolutions de France et de Brabant, n° 60.)

EP