Les hommes de la Révolution

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multe effrayant régnait dans l'Assemblée quand Marat se présenta pour répondre. Rebecqui, Barbaroux, Goupillau l'entourent, le menacent, le repoussent. Mais lui, le rire du mépris sur les lèvres:

« J'ai dans cette salle un grand nombre d’ennemis personne!s. — Tous, tous, s'écrient les

Girondins, se levant en masse. — ÆEh bien |

continua Marat, je les rappelle à la pudeur (1). Son attitude.en imposa à l'Assemblée, qui resta

suffoquée de surprise. Et Marat expliqua comment

cette idée d’une dictature populaire n’était impu-

(1) « Me feriez-vous un crime, demandaït Marat, d’avoir proposé la dictature si ce moyen était le seul qui pût-vous retenir au bord de l’abîime? Qui osera blâmer cette mesure quand le peuple l’a approuvée et s’est fait lui-même dictateur. pour punir les traîtres? A la vue de ces vengeances populaires, à la vue des scènes sanglantes du 14 juillet. du 6 octobre, du 10 août, du 2 septembre, j'ai frémi moi-même des mouvements impétueux et désordonnés qui se prolongeaient parmi nous. J'aurais désiré qu'ils fussent dirigés par une maïn ferme et juste...

J'ai donc proposé de donner une autorité provisoire à un homme raisonnable et fort, de nommer un dictateur, un tribun, un triumvir, le titre n’y fait rien. Ce que je voulais, c'était un citoyen; intègre, éclairé, qui aurait recherché tout de suite les principaux conspirateurs afin de trancher d'un seul coup la racine du mal, d’épargner le sang, de ramener lé calme et de fonder la liberté. Suivez mes écrits, vous y trouverez partout ces vues. La preuve, au reste, que je ne voulais point faire de cette espèce de dictateur un tyran, tel que la sottise pourrait limaginer, mais une victime dévouée à la patrie, c'est que je voulais en même temps que son autorité ne durât que peu de jours, qu'elle fut bornée au pouvoir de condamner les traîtres et même qu’on lui attachât durant ce temps, un boulet aux pieds, pour qu'il fût toujours sous la main du peuple. »