Les hommes de la Révolution

EST

.retentirent: l’Ami du Peuple est mort. Le corps

fut transporté aux Cordeliers. La Convention envoya immédiatement une députation.

Quand l'assassin monta dans une voiture pour être condvite en prison, on eut de la peine à l’arracher à la colère populaire; elle traversa la foule au milieu d’un mugissement formidable. Dans les sections et dans les clubs, la douleur et la rage furent inimaginables. Guirault, s'adressant à David, s’écria: «Où es-tu David?.Tu as transmis à la postérité l’image de Lepelletier mort pour la patrie; il te reste encore un tableau à faire.» — « Aussi le ferai-je, répondit le peintre. »

Il le fit, en effet. et on l’exposa publiquement. Le tableau représentait Marat assassiné dans sa baïgnoire et l’on avait gravé ces mots: «Ne pouvant le corrompre, ils l’ont assassiné.» La foule défila devant ce tableau. Aux Jacobins on demanda les honneurs du Panthéon (1). Le 16 juillet, les funérailles eurent lieu. L'Assemblée se rendit à l’église des Cordeliers, où se trouvait le corps. Thuriot prononça le discours d'adieu devant la fosse ouverte sous les arbres dans le jardin des Cordeliers. Bientôt Marat devint martyr. On lui éleva des autels. On le pria. D'après Beaulieu, un certain Brochet aurait composé une prière commençant par ces mots: «Cœur de Marat! Cœur de Jésus!». Son buste devint dans les maï-

(1) Robespierre protesta. Bentabole l'interpella violemment: «C’est un honneur qu'il obtiendra malgré les jaloux.» De son vivant, Marat avait protesté contre une panthéonisation possible. «J'aimerais mieux ne jamais mourir s'étaitil écrié que de subir les honneurs du Panthéon. »