Les hommes de la Révolution

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que nous ne mentionnerons point, mais toute sa vie de souffrances les rachète largement. Si l’on donne un coup d'œil d'ensemble sur l'existence de Marat, si l’on veut faire la part des exagérations maladives, des violences et des écarts justifiés par les événements et la fièvre de l’époque, on ne peut qu'admirer. De tous les hommes qui luttèrent pendant la période révolutionnaire, et dont quelques-uns ont mérité qu’on les appelle des héros, l'Ami du Peuple, par l'unité de sa vie, par ses sacrifices et ses malheurs, par sa fin tragique, par son ardent amour du peuple et de la Révolution, est certainement le plus glorieux et l'on comprend facilement l'enthousiasme qu'il excita parmi les révolutionnaires.

Les idées politiques de Marat se résumaient à peu de choses. Il était l’homme d’un moment. Il n'avait ni plan politique, ni conception particulière. Là encore, il faut noter l'amour de l'humanité et la fièvre révolutionnaire.

Ni à la tribune, où il monta plus d’une fois dans les premières séances de la Convention, ni dans son journal, où il s'occupe au jour le. jour des événements, c'est-à-dire de ce qu’on n’appelait pas encore l'actualité, l'Ami du Peuple n'apparaît comme un théoricien. De système, il n’en a point (1). L'avenir, il ne s'en soucie que modérément. Ce qui lui importe, c'est de détruire le passé et d'établir, au prix du sang versé, un régime de

(14) Chèvremont, Bougeeart et d’autres se sont efforcés de voir dans l'œuvre de Marat un système politique et social, sans réussir à l'établir.

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