Les idées du Comte de Maistre sur l'éducation des femmes : discours prononcé dans la Société des Conférences de la Palombelle, au college romain
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«mon cœur sur ce point est d’une fraicheur qui «demande ton approbation. » Et à son frère, le chevalier Nicolas de Maistre, il adressait évalement de Pétersbourg ces lignes touchantes qu’on ne peut lire sans émotion: « À six cents lieues de distance, «les idées de famille, les souvenirs de l'enfance me «ravissent de tristesse. Je vois ma mère qui se pro« mène, dans ma chambre, avec sa figure sainte, et «en t’écrivant ceci je pleure comme un enfant ». Cette mère, dont il évoquait si éloquemment le souvenir, semble avoir exercé sur Maistre une influence toute particulière. Madame de Maistre, née Christine de Motz, était une femme d’un esprit cultivé, de sentiments élevés, d’une piété douce et éclairée. En vertu de cette loi naturelle qui veut que les fils tiennent surtout de leur mère, c’est d’elle évidemment que Maistre reçut, outre son esprit de foi, cela va sans dire, car c’est là le grand don maternel, le goût des choses intellectuelles et littéraires. Il nous raconte lui-même que, lorsqu'il était enfant, sa mère venait le soir, quand il était au lit, lui réciter des vers de Racine et qu'elle l’endormait, avec sa belle voix, au son de celle incomparable musique. Rien n’égalait aussi l’esprit de déférence et de soumission que Joseph témoignait à madame de Maistre. Pendant tout le temps qu’il étudia le droit à Turin, c’est-à-dire pendant ces années qui sont généralement pour le jeune homme des années d’émancipation et d'indépendance, il ne lut pas un seul livre sans lui avoir écrit auparavant pour lui en demander l’autorisation. Aussi pouvait-il dire en toute sincérité ces