Les idées du Comte de Maistre sur l'éducation des femmes : discours prononcé dans la Société des Conférences de la Palombelle, au college romain
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belles paroles que d'autres que lui d’ailleurs auraient le droit de répéter: « Ma mère était un ange à qui « Dieu avait prêté un corps; mon bonheur était de « deviner ce qu’elle désirait de moi, et j'étais entre «ses mains autant que la plus jeune de mes sœurs ». J'insiste ici sur ces détails parce qu’il me semble qu'ils nous font voir la source de la sensibilité chez Joseph de Maistre en même temps qu'ils nous révèlent déjà la noblesse et l'élévation de son caractère. Comme l’a très justement dit un autre illustre Savo« yard (}: «la valeur morale d’un homme se mesure « au respect et à l’affection qu’il à pour sa mère ». Joseph de Maistre devait être l’ainé d’une très nombreuse famille. Il eut cinq sœurs dont quatre se marièrent en Savoie et dont l’une devint religieuse ursuline, et quatre frères dont deux suivirent la carrière des armes, dont l’un, André, mourut évêque nommé d'Aoste, et dont le cadet, Xavier, — celui qui, selon le mot que je citais tout-à-l’heure, eût dù être le laboureur de la famille, — rejoignit son frère aîné en Russie, s'y maria, et fut l’auteur de ces délicieux petits chefs-d’œuvre que tout le monde connaît: Le Lépreux de la cité d'Aoste (?); Prascovie ow la jeune Sibérienne, et le Voyage aulour de ma chambre. L’affection la plus étroite unissait entre eux les membres de cette belle famille qui considéraient déjà Jo-
€) Monseigneur Dupanloup, évêque d'Orléans.
(£) Pour le dire ici en passant, la publication de cet innocent chefd'œuvre, Le Lépreux de la cité d'Aoste, faillit être interdite en Russie sous le prétexte assez étrange, et qui nous donne une médiocre idée de l'intelligence des censeurs russes de cette époque, que l'on avait déjà suffisamment écrit Sur cette maludie-là.