Les idées du Comte de Maistre sur l'éducation des femmes : discours prononcé dans la Société des Conférences de la Palombelle, au college romain
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humbles fonctions. « Ma mère » — a raconté la duchesse de Laval dans une des dernières lettres qu’elle ait écrites — « ma mère faisait la cuisine, ma sœur « balayait, mon frère portait un petit panier de char« bon pour le pot-au-feu journalier; toute cette stricte « économie afin de ne pas faire d'emprunt. Ma mère «en était à son dernier louis quand mon père fut « appelé en Sardaigne. » Maistre, en effet, recevait bientôt l’ordre de se rendre en Sardaigne pour y remplir la charge de régent de la grande chancellerie du royaume. Il débarquait à Cagliari dans les premiers jours de ce siecle. Deux ans plus tard, la confiance de son souverain, le roi Victor-Emmanuel I°, le chargeait d’une mission plus difficile qui devait léloigner pendant près de quinze ans de son pays et de sa famille; il était nommé ministre plénipotentiaire à Pétersboure. Ce fut alors qu'en se rendant de Sardaigne en Russie il vint à Rome. Ce fut la seule fois qu’il visita la Ville Eternelle, la seule fois aussi qu'il vit le Pape. Comme tout le monde, il fut frappé de l'étranse contraste qui existait entre l’éminente dignité spirituelle dont était revêtu Pie VIT et la parfaite simplicité de manières qu'avait conservée l’humble religieux bénédictin qui s’appela Gregorio Chiaramonti. « Avant-hier » — écrit-il à sa fille Adèle « j'ai vu le Pape, dont la bonté et la simplicité m'ont « fort étonné. Il est venu à ma rencontre, m’a laissé « à peine plier un genou, et n'a fait asseoir à côté « de lui. Nous avons bien jasé une demi-heure : après « quoi il nous à accompagnés (j'étais avec le ministre « du Roi), et il a porté la main sur le bouton de la