Les idées du Comte de Maistre sur l'éducation des femmes : discours prononcé dans la Société des Conférences de la Palombelle, au college romain
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< serrure pour ouvrir la porte. Je t'avoue que je suis « resté de slue à ces manières si peu souveraines; « j'ai cru voir saint Pierre au lieu de son successeur.»
Et, si nous voulons avoir iei une première idée et, je dirais, un avant-goût de ses tendresses paternelles, il nous faut citer la fin charmante de cette lettre:
« Ma très chère Adèle, j'espère que tu continueras «à me contenter comme tu le fais. Toutes les fois « que tu penseras à moï, il sera bien difficile que nos « deux pensées ne se rencontrent pas à moitié che«min. Réfléchis, travaille et caresse. Tu es bonne; « deviens excellente. Adieu, ma chère Adèle, je t’em« porte dans mon cœur, afin que tu m’échauffes sous « le soixante eb unième degré de latitude. »
C’est, en effet, du soixante et unième degré de latitude que Maistre va suivre maintenant l'éducation de ses filles; et nous devons rendre grâce à cette séparation qui nous permet de retrouver aujourd'hui, dans ses lettres, l'accent, vibrant encore, de ses affectueuses sollicitudes. D'abord, ce sont de simples effusions de tendresse, d'amicales et vives caresses, et comme de paternels baisers que, de loin, il leur envoie. C’est Constance dont il cherche à se représenter le visage, ce petit visage qu'il à à peine eu le temps d’entrevoir. « Pour moi » — lui écrit-il «< je pense continuellement à toi; et, pour y penser «avec plus de plaisir, je me suis fabriqué dans ma «tête une petite figure espiègle qui me semble être