Les idées du Comte de Maistre sur l'éducation des femmes : discours prononcé dans la Société des Conférences de la Palombelle, au college romain
— Si —
« rendre son mari heureux, de le consoler, de l’en« courager, et d'élever ses enfants, c’est-à-dire de « faire des hommes: voilà le grand accouchement, « qui n’a pas été maudit comme lautre. Au reste, « ma chère enfant, » — ajoute-t-il en terminant, « il ne faut rien exagérer: je crois que les femmes, « en général, ne doivent point se livrer à des con« naissances qui contrarient leurs devoirs; mais je « suis fort éloigné de croire qu’elles doivent être « parfaitement ignorantes. Je ne veux pas qu'elles « croient que Pékin est en France, ni qu'Alexan« dre le Grand demanda en mariage une fille de « Louis XIV. » — Voila M. de Maistre qui fait des concessions à la science! — « La belle littéra« ture, les moralistes, les grands orateurs suffisent « pour donner aux femmes toute la culture dont « elles ont besoin. .... En un mot, la femme ne « peut être supérieure que comme femme; mais, dès « qu'elle veut émuler l'homme, ce n’est qu'un singe. « Adieu, petit singe. Je l'aime presque autant que « Biribi, qui a cependant une réputation immense « à Saint-Pétersbourg. »
Constance regimbe sous la vive admonestation paternelle, et l’épithète de singe lui paraît quelque peu dure à accepter. Le bon père revient à la charge, et, toujours sur le ton de la plaisanterie, il adoucit la discussion, tout en renforçant encore sa pensée.
« J'ai vu par ta dernière lettre, ma chère en< fant, que tu es toujours un peu en colère contre « mon impertinente diatribe sur les femmes savan-