Les Préfets du Consulat et de l'Empire

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vaste demeure, sous l’uniforme aux broderies d'argent. On lui reproche une fâcheuse ladrerie. Il vit chichement avec ses trois enfants, sans rappeler en rien par ses manières et par son train les insolentes splendeurs du duc d’Aiguillon, son prédécesseur de l’ancien régime : ni carosses, ni cuisiniers, ni maîtresses, mais l'existence parcimonieuse d'un petit avocat provincial (1). A part cela, intègre et honoré, il sera appelé un an plus tard au Conseil d'Etat.

Dans le département voisin du Calvados, il a pour collègue Charles-Ambroise Caffarelli. Celui-ci, jadis chanoine de l'église cathédrale de Toul, défroqué sous la Terreur, mais plusieurs fois menacé comme suspect, est le frère du général Caffarelli et de l’évêque de Saint-Brieuc. Il garde de son ancien état d'ecclésiastique une onction, une bienveillance et une timidité qui l’'empéchent de faire respecter dans son département l'autorité impériale. Plein de bonne volonté cependant, ilenvoie à l'Empereur un

(1) G. Augnstin-Thierry : Le Complot des libelles.