Les principes de la Révolution et du socialisme d'après les données de la politique scientifique
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ment la ruine. (1) D'autre part, supprimer la famille, c’est aller directement contre un besoin naturel, et détruire une des plus grandes sources du bonheur humain. Le novateur l’a senti, en voulant conserver les titres de parents et d’enfants à toute une série d'enfants nés dans une même période! “ Mais quoi! chaque citoyen pourra “ dire, de milliers d'enfants, en parlant de chacun “ d'eux: Voilà mes fils!” L'usage actuel n'est-il pas préférable? Et cessant de railler, Aristote termine par ces belles paroles : Ainsi que quel‘ ques gouttes de miel se perdent dans un vase “ plein d’eau, ainsi les liens de famille les plus ‘ doux s'évanouissent dans une pareille commu“ nauté, où il n’y a vraiment pas de raisons pour “ qu'un père s'occupe de son fils, ou un fils “ de son père. Car l’homme s’éprend et se soucie “ surtout de deux choses: ce qui est sien, et ce “ qui réveille ses affections. Or, rien de sembla“ ble n'existe dans la République de Platon.” (2) Quelle formule gracieuse et charmante dans sa précision! et comment exprimer d'une façon plus saisissante la réalité naturelle de la famille, fondée sur les joies qu’elle procure ?
“On a prétendu que Platon, en attribuant à la femme les mêmes occupations qu'à l’homme, avait voulu la dégager des chaînes de la servitude antique, préparant ainsi son émancipation pour
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(1) La Politique, Liv. IT, Chap. 1.
(2) Ibid., Liv. II, Chap. I. Je donne ici ma propre traduction, non par dédain de celle de M. Barthélemy St. Hilaire. Mais je me défie de Vhomme qui, pour faire sa cour à la coterie officielle eë spiritualiste, dénigre honteusement son modèle en le ravalant au-dessous de Platon. Je renvoie les lettrés au texte.