Les Serbes : population rurale et urbaine, vie intellectuelle, religion, politique : conference faite à Lyon, le 28 Mai 1917

LAS LOUE

mère d'origine paysanne à son jeune fils partant pour la première fois à la guerre, « car à la guerre l'honneur se perd facilement ». Le fils qui, avec la bénédiction maternelle, reçut d'elle un tel avertissement, commande aujourd'hui toute l'armée serbe.

Il m'est arrivé de devoir annoncer à une mère que son

fils était blessé. Pour atténuer son angoisse, je m'empressais d'ajouter que la blessure au talon était légère. Le premier eri qu'elle poussa fut : « Malheur à moi, mon fils n'aurait-il pas tourné le dos à l'ennemi, pour être blessé au talon? »

La princesse Liubica, trouvant que son mari le prince Milos, lors d’une bataille, n'avait pas été à la hauleur de la situation, s’enferma dans la maison, ne Py laissa pas entrer, quand il revint pour se reposer, et lui cria à traxers la porte de retourner à l’armée. Elle était, comme son mari, d'origine paysanne.

Avoir soin de la ‘dignité familiale est un devoir de chaque membre de la famille; on le doit aux ancêtres desquels on à hérité non seulement lesbiens matériels, mais aussi les biens moraux. On connait ses ancêtres assez éloignés; il est rare de trouver en Serbie une famille paysanne qui ne connailrait pas quatre ou cinq générations, quoique nos vieilles familles, perséculées par l’ennemi, aient Souvent dû changer de régions et d'habilation. Certains ancêtres plus mérilants sont l'objet d'un culte plus soigné. Cerfaines personnes historiques sont l’objet d'un culte tellement affectueux, qu'on les considère presque comme des ancêtres en parenté. On se sert quelquelois de leurs noms pour blämer un contemporain en train de faillir : « Avec quoi paraitras-tu outre-tombe devant Milos? » Le souvenir des morts exerce une influence sur les vivants.

Le paysan serbe aime l'égalité, non seulement des

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