Les serviteurs de la démocratie

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L = ail 104 LES SERVITEURS DE LA DÉMOCRATIE

n'a été plus grand en face de la mort que M" RoJand. Il

Ses parents étaient des artistes, d'ingénieux et habiles graveurs. Îls l’élevèrent sans souci des préjugés ordinaires, lui laissant lire et lui laissant voir tout ce qu’elle voulait. De bonne heure elle fit connaissance avec les livres de Voltaire et les œuvres de Jean-Jacques Rousseau. Le philosophe de Genève exerça sur elle une influence décisive. Elle aimait les grandes et harmonieuses phrases de Émile et de la Nouvelle Héloïse. Ce qui nous parait si solennel et si ennuyeux, à nous aütres, enfants jeunes et vieux du boulevard, enthousiasmait la fille du graveur Philipon. Rousseau a été l’incomparable prophète de la Révolution française. Mre Roland, la forte tête de la Gironde, le savait par Cœur. Robespierre, chef de la Montagne, le relisait sans cesse. Mr Roland emprunta à Rousseau l'amour de la nature, le goût des détails familiers et aussi, disons-le, Lhabitude des confidences téméraires ef voisines de la crudité. IL y a dans ses Mémoires, d'ailleurs admirables, des pages qui rappellent les plus hardies con fessions de Jean-Jacques Rousseau. Malgré les licences de cette éducation à la diable, elle resta honnête et pure. Intelligente en toutes choses, habile aux arts du dessin, musicienne distinguée, elle ne dédaignait pas, malgré ses mérites ou à cause de ses mérites, de s'occuper même des détails. de la cuisine.

Le mariage de M“° Roland forme un des chapitres les plus inattendus de son histoire. Jeune, attrayante, spirituelle, elle consentit à épouser un bonhomme à