Les serviteurs de la démocratie

MADAME ROLAND 105 l'aspect froid et chagrin, M. Roland de la Plälrière. Pourquoi ce mariage ? Pour obéir à un sentiment de délicatesse chevaleresque, dirait-on, s’il ne s'agissait d’une jeune fille. La famille Philipon était endettée. Lorsque M. Roland, très honnête homme d’ailleurs et non sans mérite, se présenta pour demander Ja main de celle qui devait un jour le faire oublier, les Philipon, très endettés, étaient menacés des plus tristes mésaventures. Alors, sans affectation, sans se donner des apparences de victime, souriante et la conscience joyeuse, la jeune fille mit sa main dans la main du vieux et loyal Roland. L'union fut des plus heureuses. Roland était un érudit, un travailleur, un personnage intègre. Il eut l'esprit d'associer sa femme à ses travaux et d'en faire son secrétaire intime. Ensemble ils s’occupèrent d'économie politique, d'histoire et de littérature. Roland, employé dans l'administration des finances, eut occasion de voyager. 11 alla de Lyon à Amiens, d'Amiens en Suisse, et de Suisse en Angleterre. Partout avec fui il amena sa femme, qui se prit d’un grand amour pour l'indépendance politique en comparant l’état des peuples libres à l’état du peuple français. Aussi, lorsque la Révolution éclata, elle en adopta les principes avec le pius vif enthousiasme. Elle vint à Paris et assista au mouvement des clubs el aux séances de l’Assemblée nationale. Elle raconte, dans ses Mémoires, l'impression que Jui fit cette résurrection de la patrie par la liberté. Ses appréciations sur les hommes sont des plus curieuses. En général, elle est très sévère pour les constituants. Le seul homme qui lui ait fait connaître l'admiration. ce fut Mirabeau. Plus tard elle eut des sentiments de tendresse ou d’amitié pour les orateurs de la Gironde, mais on voit bien, en la lisant, que Mirabeau est resté le dieu.