Les serviteurs de la démocratie

MADAME ROLAND 107

énergique à Louis XVI, contribua au renversement de la royauté et à l’'avénement de la République. Ce fut pour M Roland le moment du triomphe; mais l’échafaud était bien près de-ce triomphe-à. H n'y à que le succès qui ne dure pas. Et sous la Révolution le succès passait aussi vite que la lueur d'un éclair. M Roland et son mari avaient attaché leur prospérité politique à la fortune du parti girondin. Vergniaud était un si grand orateur, Barbaroux avait tant de vaillance, Buzot surtout paraissait si séduisant ! Mw° Roland éprouva pour ce dernier une affection très ardente, qui n’eut pas le temps de dégénérer. Les Girondins, en éffet, accusés d’avoir tramé un complot contre l'unité et l’indivisibilité de la République française, furent décrétés d'arrestation. Quelques-uns prirent la fuite et moururent tragiquement comme Condorcet et Roland. Sa femme fut arrêtée à titre de complice du parti de la Gironde. C'est en prison qu’elle composa les émouvants Mémoires qui ont immortalisé son nom. Il ne faut pas prendre cet écrit comme guide s’il s’agit d’appréciations historiques. Sous l'influence du malheur, M°° Roland s’exalte et devient même injuste. Elle fit de l’histoire avec ses admirations et ses ressentiments. La Gironde est idéalisée dans son livre; la Montagne, au contraire, y est accablée d’invectives, de sarcasmes et d’outrages. Danton y est peint non seulement en laid, mais en hideux. Robespierre y est montré envieux, médiocre et répulsif. Pache même est calomnié. Heureusement des pages pleines de cœur, d'émotion vraie, de hautes aspirations rachètent les défauts que nous venons de signaler. Enfin, pour tout dire, dans ses curieux Mémoires, M“ Roland se montre coquette. Elle qui n'avait jamais posé devant son miroir, pose en prison pour la postérité.