Les serviteurs de la démocratie

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110 LES SERVITEURS DE LA DÉMOCRATIE

L'homme d’action a toutes les qualités qui donnent le succès, la décision poussée jusqu’à l'audace, la promptitude et la précision du coup d'œil, le dévouement absolu à la chose publique. Il ne se dérobe jamais et, sans hésiter, offre sa vie comme enjeu dans les terribles parties qu'il joue pour le peuple. C’est le patriote qui sait, en quelque sorte, faire passer son âme dans le corps de la nation tout entière. À ses côtés, les plus timides deviennent courageux ; devant lui, les ennemis de la nation se sentent terrifiés. Danton ne se contente pas de décréter la victoire, il l’obtient ; à son souffle les armées se réorganisent, les généraux trouvent la puissance de vaincre, ia foule passe de la terreur à l'enthousiasme, l'étranger est rejeté hors de nos fronüières. Lorsque Danton prit le pouvoir, la situation de la France semblait désespérée; à force d'énergie et de patriotisme il répara tous les désastres, et assura le salut du pays.

De telles œuvres ne s’accomplissent pas par des moyens doux ; il faut pour y réussir la passion, l'éclat de l’éloquence, la violence dans les formes et toutes les exagérations révolutionnaires. Quand les événements sont accomplis les excès de langage ressemblent à la lave refroidie.

Pendant l’action ces excès sont chose naturelle, ils traduisent avec fidélité le sentiment public. Seulement, ceux à qui plus tard on les reproche s’exposent à être calomniés ; on les juge sans tenir compte des circonstances terribles qui les précédaient. C'est en vertu de cette aberration que Danton a été accusé d’avoir organisé les massacres de septembre.

Il y fut étranger. On ne peut citer à sa charge ni un fait, ni une parole. La préparation de ces massacres et leur accomplissement eurent lieu en dehors de ses