Les serviteurs de la démocratie

118 LES SERVITEURS DE LA DÉMOCRATIE

motions qu’il présenta en l'honneur de J.-J. Rousseau. L'intelligent député aurait voulu que la Constituante témoignât solennellement de son admiration pour l’auteur du Contrat social et lui éleyât une statue. Depuis Boissy d’Anglas jusqu’à Henri Martin, la pensée d’un pareil hommage s’est souvent reproduite, elle a tou= jours échoué. Pourquoi? Tandis que Voltaire, infiniment moins républicain que le philosophe de Genève, à rencontré en France des sympathies universelles (sauf dans le parti clérical), Rousseau n’a pas même obtenu un pauvre petit buste. Quoi qu’il en soit, Boissy d’Anglas fit son devoir de lettré et de démocrate en défendant l'écrivain à qui nous devons la théorie du suffrage universel inscrite, comme on sait, dans le Contrat social. À cette occasion, Boissy d'Anglas fut accusé bien ridiculement de vouloir établir en France une République huguenote. Comme sil était possible de confondre Rousseau et Calvin!

Il

Pendant toute la durée de l’Assemblée législative, Boissy d’Anglas remplit dans l'Ardèche les fonctions de Procureur général syndic. Il sut montrer, dans ces fonctions délicates et difficiles, qu’il n’était nullement le sectaire protestant qu’on l'avait accusé d’être.

En eflet, il protégea, au péril de sa vie, des prêtres catholiques que, dans un moment d’effervescence, le peuple voulait mettre à mal. Ses citoyens apprécièrent comme ïls le devaient cette noble conduite et donnèrent à leur courageux syndic le mandat de les représenter à la Convention nationale. Boissy d'Anglas siégea