Les serviteurs de la démocratie

BOISSY D'ANGLAS 119

parmi les modérés de cette illustre Assemblée. Il s'allia avec les Girondins, les soutint au moment de leur proscription et réussit pourtant à échapper à l’échafaud. À partir du 9 thermidor, lorsque la Convention nationale ne compte plus dans ses rangs les fougueux révolutionnaires qui se sont, hélas! entr'égorgés : les Danton, les Robespierre, les Hébert, les Camille Desmoulins: le rôle de Boissy d'Anglas devient considérable. La période du sang-froid succédait à la période de la passion, et Boissy d'Anglas était par excellence homme du sang-froid. Les Conventionnels se dirent qu'après tant de sang versé il fallait songer à l'organisation du pays. La mesure qui leur parut la plus urgente pour amener la pacification des esprits, ce fut la suppression officielle du budget des cultes. Elle était réclamée comme un acte de liberté pour toutes iles croyances et comme une mesure d'unité politique. L'État, qui avait eu tant à souffrir de son ingérence dans les questions religieuses, comprit la nécessité de se débarrasser par la liberté de ces irritantes questions : plus de salaire pour les prêtres, mais indépendance complète pour toutes les consciences. La Convention, obéissant à ce mot d'ordre de la nation, décréta dans la séance du 7 ventôse an III, ces deux choses considérables : « Article premier. L'exercice d'aucun culte ne peut. être troublé. — Article 2. La République n'en salarie aucun. »

L'année 1795 est l’année la plus glorieuse de l'existence de Boissy d’Anglas. Non seulement cette annéelà il fit proclamer un grand principe, mais encore, devant la foule insurgée, il. se conduisit en héros. Ce mot na rien d’exagéré, appliqué à Boissy d’Anglas. C’est, d'ailleurs, l'expression même dont s’est servi Carnot pour apprécier la conduite de son collègue à la